L’or doit-il rester caché pour briller de tout son éclat ? Hélas oui, tant il attise les convoitises et réveille des désirs peu avouables ! Avec la montée en flèche du cours du métal précieux, braquages et vols de pièces et de lingots d’or se sont multipliés dans le monde. Pas étonnant que de nombreux pays cherchent des moyens de protection efficaces pour mettre leurs réserves d’or en lieu sûr.
▪ New York concentre un quart des réserves mondiales – Les experts affirment que les lieux de stockage d’or les plus sûrs se trouvent aux Etats-Unis. C’est sans doute la raison pour laquelle le pays abrite les plus importantes réserves de métal précieux du monde. Ainsi, de 5 000 à 7 000 tonnes de barres scintillantes « dorment » dans les profondeurs du sous-sol de la Banque centrale de New York. Et si étonnant que cela puisse paraître, seuls 2% à 5% des stocks appartiennent au gouvernement américain. Le reste est détenu par une cinquantaine de pays étrangers, par des organismes internationaux et par un certain nombre de particuliers.
Selon des sources avisées, c’est également pour des raisons d’ordre pratique que ceux-ci ont choisi les Etats-Unis pour stocker leurs réserves d’or. Pour rappel, New York est la ville où se trouve le premier marché aurifère du monde en matière de volumes d’échanges, le Comex.
Mais le transport de l’or vers les pays étrangers coûte cher. En revanche, dans la chambre forte de la Banque centrale de New York où chaque pays dépositaire possède une pièce qui lui est réservée, l’or peut être transféré facilement d’une pièce à l’autre, pour des frais tout à fait symboliques. En effet, la Banque centrale de New York protège l’or du monde sans prélever de frais aux dépositaires, qui n’ont qu’à payer 1,75 $ par lingot d’or pour le faire passer d’une pièce à l’autre.
Enfin, certains spécialistes affirment que c’est surtout, à l’origine, pour se protéger contre l’éventuelle invasion de la Russie, l’ex-Union soviétique, que bon nombre de pays européens ont décidé de conserver leur or aux Etats-Unis. Vrai ou faux, une chose est certaine : les Etats-Unis restent à leurs yeux l’endroit le plus sûr en matière de stockage de métal jaune.
Mais où les Etats-Unis stockent-ils l’essentiel de leurs réserves d’or ? A Fort-Knox, camp militaire situé dans l’Etat du Kentucky (est). Ici, près de 50% de leurs stocks, soit 5 000 tonnes, sont conservés dans une chambre forte souterraine en acier et en béton. De plus, 23 000 militaires vivent dans le camp — une protection supplémentaire qui n’est sans doute pas inutile à l’heure où le métal jaune suscite tous les fantasmes…
▪ En rapatriant son or des Etats-Unis, la France préserve son indépendance – Contrairement à la majorité des pays européens, la France est, avec la Suisse et l’Italie, l’un des trois pays du Vieux Continent qui conserve son or sur son propre sol. Aujourd’hui, 2 500 tonnes d’or sont stockées à plus de vingt mètres sous terre, dans un lieu sous haute surveillance de la Banque de France. Jamais des cambrioleurs n’ont tenté de s’y attaquer — c’est de toute façon impossible. Pourtant, l’or français a bien failli être volé. Un jour de 1940, quatre officiers nazis se présentent à la Banque de France pour tenter de s’en emparer. Mais le métal jaune est déjà en route pour l’étranger. L’une des destinations : les Etats-Unis. C’est en 1963 que le général de Gaulle, qui a gardé en m&e acute;moire le séquestre opéré pendant la Seconde Guerre mondiale par les Etats-Unis sur les avoirs français en or et en devises, fait rapatrier la part de l’or français déposée outre-Atlantique.
La mauvaise expérience de la France soulève une question de fond : si le stockage d’or aux Etats-Unis protège contre les vols et les braquages, ne risque-t-il pas, un jour ou l’autre, de priver le pays déposant de son indépendance politique et économique ? L’enjeu est d’autant plus important que dans le contexte actuel, marqué par une course à la dévaluation des principales devises et par le lancement aux Etats-Unis du nouveau programme de quantitative easing, la monnaie fiduciaire continue à perdre de sa valeur au profit de l’or. Pour chaque Etat, détenir des réserves de métal précieux revêt alors une importance hautement stratégique.
De ce point de vue, confier à un pays tiers la gestion de ses propres réserves, c’est prendre le risque d’être pris en otage en cas de grave conflit bilatéral.
Extrait d’un article écrit par Camille-Yihua Chen, journaliste
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