samedi 11 février 2012

Le présage d'Hindenburg


Le présage d'Hindenburg, vous connaissez ! Voyez un exemple sur l’indice de New York un signal technique connu sous le nom de « présage d’Hindenburg » (Hindenberg Omen). Cette dénomination fait référence au crash du Hindenburg, un dirigeable allemand, en 1937. Il désigne une conjonction rarissime de facteurs techniques censée être annonciatrice d’un krach boursier.

Selon Reuters, pour qu’il soit activé, il faut qu’il y ait au moins 2,2% du marché qui atteigne des nouveaux plus hauts de 52 semaines et des nouveaux plus bas de 52 semaines le même jour à la Bourse de New York. Si cette configuration se reproduit une deuximème fois en 36 jours, il existe une probabilité de 75% pour qu’un krach boursier se produise dans les quatres mois à venir.

Il traduit surtout un déséquilibre de marché alors qu’au même moment de nombreuses valeurs atteignent ou leur plus haut ou leur plus bas. Selon le mathématicien qui a isolé cette configuration en 1995, le pire n’est pas sûr mais une baisse de 20% n’est pas à exclure.

L’utilisation empirique de cet indicateur vise en effet à détecter notamment sur le New York Stock Exchange les périodes durant lesquelles les probabilités d’un krach ou d’une chute sévère des valeurs boursières augmentent.

Généralement, l’apparition de cet indicateur technique laisse présager un probable début de mouvement baissier sur les marchés actions… Dans certains cas, il est même annonciateur d’un krach boursier.

Une combinaison rarissime de cinq variables techniques :
  1. Le nombre quotidien de nouveaux hauts et de nouveaux bas sur l’indice de New-York (daily number of NYSE new Highs and Lows). Les deux (2) doivent être plus grand que 2.2% du total des volumes transigés.
  2. Le plus petit des deux doit être plus grand que 75.
  3. La moyenne mobile de dix (10) semaines du NYSE doit être à la hausse.
  4. L’oscillateur (McClellan Oscillator) doit être négatif.
  5. Le nombre de nouveaux hauts (new highs) ne peut être plus grand que deux fois le nombre de nouveaux bas (new lows).
Voyons maintenant plus en détail comment se calcule cet indicateur ? Comme indiqué plus, il est composé de différentes variables techniques. De manière synthétique, les cinq critères suivants doivent être réunis :

1. Un nombre important de valeurs cotées sur le NYSE représentant plus de 2,2% des échanges enregistrés sur la séance inscrivent un nouveau plus haut annuel. Le même jour, un nombre similaire de titres inscrivent, quant à eux, un nouveau plus bas sur un an glissant donc au cours des 52 dernières semaines ;

2. Le nombre de valeurs inscrivant de nouveaux plus hauts ne doit pas être plus de deux fois supérieur au nombre de nouveaux plus bas sur l’année glissante ;
Pour étayer ces deux premiers points un petit commentaire s’impose. En effet, contrairement à une tendance « saine », le fait que ces deux événements surviennent simultanément n’est pas un gage de sûreté.

Dans un marché « sain », un minimum d’uniformité est requis. En se basant de manière symbolique sur quelques-unes des plus grandes valeurs américaines, ce constat est rapidement visible. Nous avons par exemple des titres comme DuPont, Caterpillar ou McDonald’s qui sont au plus haut. A l’inverse, des actions comme Bank of America ou Cisco sont au plus bas. Comme on le voit ici, d’un point de vue sectoriel, ces écarts touchent tous les segments cycliques.

3. L’indicateur de tendance McClellan doit être inférieur à 0 ;

4. La moyenne mobile à 10 semaines sur le NYSE doit avoir une pente ascendante ;
Sur le graphique ci-dessous du Russell 3 000, l’indice large américain (pris sur une base hebdomadaire), vous pouvez constater que ces deux conditions sont réunies. Le MACD visible ici et dont la méthode de calcul n’est pas si éloignée de l’indicateur McCellan, respecte bien la condition numéro 3. De plus, la pente de la MM à 10 semaines s’est redressée depuis la fin juin, notamment grâce à des publications trimestrielles globalement supérieures aux attentes.
Graphique de l'indice Russell 3000 en données hebdomadaires
5. Enfin, pour être confirmé, le présage d’Hindenburg doit survenir au moins deux fois au cours des quatre semaines suivant l’apparition du premier signal.

75% de risque de correction
Dans un passé assez récent, la validation de ce critère apparu à trois reprises les 13, 21 et 22 juin 2007 avait par exemple été constatée avant l’éclatement de la crise des subprime. Et on connaît tous la suite… un krach de plus de 50% jusqu’en mars 2009. Sur ce point, il est d’autant plus intéressant de noter que les divers krachs enregistrés sur le NYSE depuis 1985 ont TOUS été précédés par ce fameux présage.

Ce fait est d’autant plus intéressant à remarquer quand on analyse les mouvements constatés sur les marchés et la demande pour les actifs peu risqués comme les obligations ou les T-Note. On voit ainsi que le contrat sur les T-Note (taux longs aux US) sorte de référence de la sécurité qui littéralement s’envole. Conséquence de quoi, les rendements de ces instruments financiers qui évoluent en sens inverse des prix sont désormais sur des plus bas historiques.

Graphique du T-Note (taux longs US)
Pour les mêmes raisons, l’or qui semblait parti pour une belle correction, vient de repasser au-dessus des 1 200$ tandis que le dollar, qui ne cessait d’être attaqué depuis deux mois, s’est vivement redressé.

Il faudra donc constater une détente sur ces actifs très sûrs au cours des toutes prochaines semaines pour permettre une extension du rebond sur les indices actions. Il est d’ailleurs assez surprenant de constater la relative bonne tenue des indices actions depuis le début du mois. La question est désormais de savoir si la trêve estivale et la traditionnelle absence de bon nombres d’intervenants en est la cause et s’il faut donc craindre un rattrapage à la baisse des indices dès la rentrée.

Différents scénarios sont possibles. Retenez simplement que, si ce signal se confirme, et dans l’hypothèse la plus optimiste, les chances d’une baisse du marché de 5 à 10% d’ici la fin de l’automne sont d’environ 75%

Finalement, il était mentionné précédemment que la validation de l’indicateur d’Hindenburg impliquait au moins une seconde apparition du signal, l’idéal étant trois mais ce n’est peut-être qu’une question de jours maintenant au cours des quatre semaines suivant sa première manifestation.

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