D’abord revenons en arrière. Dans l’antiquité le philosophe et mathématicien grec Thalès de Milet (625-547 av. J.-C.) passe pour avoir réalisé l’un des premiers « corners » sur l’huile d’olive (voir définition ici-bas). Ayant prévu une météorologie favorable et une bonne récolte, il aurait réservé, moyennant un faible dépôt de garantie unitaire, tous les moulins à huile de la région de Milet.
Plus récemment, le « corner » Volkswagen, lorsque la marque est devenue, le temps d’une séance, la plus grosse capitalisation boursière du monde (hausse de plus de 81 %, après un gain supérieur à 146 % le lundi précédent). Considérant que la valorisation du titre était injustifiée, les hedged funds avaient parié sur sa baisse, se fondant sur l’information que Porsche, principal actionnaire possédait 42,5 % du titre. En réalité, il possédait ou contrôlait 74 % des actions, notamment grâce à l’achat de calls, et l’État de Basse-Saxe en possédait 20 %, ne laissant que 6 % d’actions disponibles sur le marché, insuffisantes pour couvrir toutes les ventes à découvert. Les pertes des hedged funds impliqués mais aussi de quelques banques sont colossales (plus de 30 milliards d’euros), et les profits de Porsche dans l’affaire pourraient être de l’ordre de 6 milliards d’Euros.
Une manipulation boursière, appelée aussi agiotage peut porter : sur les cours eux-mêmes : achats massifs pour les faire monter ou baisser en donnant l’illusion d’une demande ou offre importante. Voir Corner (finance) ou au niveau de la communication (voir désinformation), sachant que l’information est en finance la principale matière première dont se nourrit l’évolution des cours.
Le but des manipulateurs est bien sûr d’utiliser à leur profit ces réactions qu’ils attendent du marché.
Cette pratique est un délit qui s’apparente à une escroquerie. C’est l’un des objectifs de l’Autorité des marchés financiers que de les détecter.
En finance, un corner (du verbe anglais to corner, « acculer dans un coin », donne le verbe « cornériser ») est une manipulation de marché, organisée pour leur profit économique par un ou plusieurs intervenants agissant de concert, et dont le but est d’amener les vendeurs à découvert à liquider leurs positions en catastrophe et à n’importe quel prix.
Le « corner » est aujourd’hui considéré dans la plupart des législations comme un abus de marché, un délit passible de sanctions.
Principe :
Des acteurs du marché, les acteurs « A », spéculent à la baisse sur un produit, par exemple les actions de la compagnie « X ». Ils vendent donc aujourd’hui des actions « X » qu’ils ne possèdent pas encore : ils les ont achetées fictivement, en signant un contrat selon lequel ils ne devront payer effectivement ces actions qu’à une date donnée, par exemple dans un mois, et ce au prix qu’elles atteindront alors.
Le but des « A » est donc que cette action baisse, pour que la vente qu’ils réalisent aujourd’hui soit supérieure au prix qui devra être payé dans un mois. Ils peuvent essayer de contribuer à cette baisse par plusieurs moyens, légaux ou non (lancement de rumeurs sur la compagnie « X », mise sur le marché d’un grand nombre d’actions « X », etc.)
Mais d’autres acteurs, les acteurs « B », peuvent essayer de mettre en échec cette stratégie. Eux au contraire, vont essayer d’acheter le plus possible d’actions « X », et de les stocker. Cela contribue à soutenir le cours de l’action « X », qui ne baisse donc pas, comme les acteurs « A » l’espéraient. Quand le jour de l’échéance arrive, les « A » doivent à tout prix acheter les actions qu’ils avaient vendues fictivement au début du mois. Les « B » sont donc en position de force, et vendent leurs actions « X » aux « A » à un prix qui dégage un profit pour eux.
Les « A » ont donc échoué dans leur spéculation à la baisse, tandis que les « B » ont réussi leur « corner ».
Une opération de ce type, conduite plus ou moins volontairement, a amené en octobre 2008 à une flambée du titre Volkswagen, qui a atteint alors près de 1 000 euros, soit plus de trois fois son cours habituel.
Synonymes et variantes :
On emploie aussi le mot « squeeze », du verbe anglais qui signifie « presser », mais qui a une signification plus large. Une situation de « squeeze » n’est pas nécessairement attribuable à l’action volontaire de quelqu’un ou de quelques-uns, elle peut parfaitement résulter d’un déséquilibre structurel ou réglementaire.
Plus généralement, on parle d’«accaparement» pour toute tentative de stocker des biens dans le but de créer artificiellement une pénurie et pour les revendre ensuite par petites fractions à prix élevés.
Les tentatives de « corner » sont des spéculations très hasardeuses, qui dans certains cas font effet boomerang sur leurs auteurs lorsque la situation de marché se retourne.
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