samedi 11 février 2012

'Stop loss' avec modération...

Utiliser ou ne pas un utiliser une vente stop ( ’stop loss’), voilà une question souvent discuter entre les traders. Tout le monde a droit à sa méthode et c’est bien ainsi; toutefois allons explorer davantage une étude effectuée à la Michael G. Forster School of Business, à l’Université de Washington.

Imaginez un moment que vous allez à Las Vegas avec une stratégie auquelle vous croyez fortement, et bien sûr avec de l’argent. Vous arrêterez de jouer quand vous perdrez 500 $. Vos pertes potentielles seront limitées à ces 500 $ et vous pensez avoir à peu près les mêmes chances de gagner au moins 500 $. Ce n’est hélas pas vrai. Dans le monde de la finance, une telle stratégie s’appelle un stop loss et, je vais vous surprendre car en tant que trader vous n’avez pas pour habitude que l’on vous dise cela, elle ne produit pas de performance supérieure. Pas de panique, on s’explique !

Avec un stop loss, l’investisseur a la fausse impression d’être protégé contre la baisse des marchés. L’idée de base est pourtant simple : quand une position baisse d’un certain pourcentage, par exemple de 1%, elle est automatiquement vendue. Intuitivement, on se dit qu’à part quelques accidentsde parcours, le portefeuille ne perdra pas plus de 1%, et profitera de toutes les hausses à venir. Ce n’est pas comme cela dans la réalité ; c’est ce qu’ont démontré des chercheurs de l’université de Washington.

Dans la réalité, la performance du portefeuille tend à se concentrer au point de stop loss (-1% dans notre exemple), selon les recherches de Kira Detko, Wilson Ma et Guy Morita. Utiliser des stop loss
revient à croire qu’ils n’auront qu’un effet : limiter les pertes à un certain niveau prédéfini.
Mais une autre conséquence est que le portefeuille multipliera les prises de perte à ce niveau, justement. Ce qui nuit à la distribution des performances, puisque sans ces stop loss, ces petites pertes n’auraient pas été prises.

L’originalité du papier de Detko, Ma et Morita est qu’ils raisonnent en termes de coûts et bénéfices face à l’utilisation des stop loss. Utiliser un stop loss revient à croire au Père Noël, pour ce qui est des coûts et bénéfices.

Un enfant qui croit au vieux bonhomme barbu sait qu’il recevra un cadeau s’il est sage. C’est le bénéfice. Le coût est celui du cadeau, qui est à la charge des parents — car le Père Noël n’existe pas, du moins pas dans le monde de la finance. Un investisseur qui veut gérer son risque grâce aux stop loss (c’est son bénéfice) doit aussi en supporter les coûts, qui sont cachés. Il a été déjà mentionné le premier — les performances sont pénalisées. Il en existe d’autres que le graphique ci-dessous vous permet de visualiser, et qui explosent près du niveau auquel est fixé le stop loss.

Stop lossDans le cas d’un marché sans direction (la performance est proche de zéro), nous voyons que les bénéfices du stop loss sont anéantis par ses coûts. Dans un marché haussier, les stop loss car ils réduisent la performance, car ils ne permettent pas à un actif de corriger puis de se reprendre. Dans les marchés baissiers, enfin, ils limitent les pertes.
Globalement, démontrent ces chercheurs américains, l’utilisation de stop loss n’a pas d’impact significatif sur la performance. C’est pourquoi ceux qui les utilisent doivent prendre en compte d’autres facteurs que leur perte maximale souhaitée, comme la liquidité, les coûts de friction, la stratégie et la structure du portefeuille. En conclusion, la technique du stop loss n’apporte aucun avantage en elle-même…

En 2005, Robert Macrae, d’Arcus Investments, avait démontré qu’une stratégie impliquant des stop loss augmentait la volatilité, ce qui est l’inverse de l’objectif recherché. La raison : avec des stop loss, l’effet de levier doit être plus important pour assurer une exposition constante. D’où le regain de volatilité.

Cette technique est néanmoins particulièrement appréciée par les gérants de portefeuille pour deux raisons. La première : elle endort le client, qui a la fausse sensation de connaître son risque et d’être protégé. Il sait qu’il n’a pas besoin de passer son temps devant les cours boursiers, le doigt sur le bouton de sa souris pour être prêt à vendre.

La deuxième raison : elle multiplie les opérations (ventes automatiques quand le seuil est atteint, puis achats), ce qui génère des commissions de transaction pour la banque.

L’investisseur, là-dedans, est encore une fois le dernier des soucis du courtier ou du banquier…

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