Y-a-il un indice qui permettrait de prédire l'évolution du prix du baril de pétrole ? Vu la complexité des mécanismes pouvant faire osciller l'offre et la demande du brut, cela vous semble peu probable. Habituellement avec quelques semaines de décallage, un indice relativement peu suivi par les investisseurs joue ce rôle d'indicateur avancé : le Baltic Dry Index.
En fait, le BDI est un indice ultra-sensible...c'est l'indice des prix du transport maritime des matières sèches. Il a été créé sous sa forme actuelle assez récemment, soit en 1998, par la société britannique Baltic Exchange. C'est une moyenne des prix pratiqués sur 26 routes maritimes dans le monde sur des minerais, des céréales, et des métaux notamment.
Ce que le BDI nous dit : Son calcul est relativement simple. Le très respectable Baltic Exchange de Londres, déjà présent en 1744, demande à des courtiers dans le monde entier de leur donner, chaque jour ouvrable, un prix pour une cargaison XY allant d'un port A à un port B. Par exemple, "quel est le prix négocié pour 100,000 tonnes de minerai de fer entre San Francisco et Shanghai."
Cette mesure permet donc de quantifier aujourd'hui une demande réelle pour une production à venir. En effet, à la différence des indices avancés classiques de production (constructions immobilières, ventes de voitures neuves, etc...), le BDI est un véritable précurseur de la machine de production mondiale.
Cet indicateur fait d'ailleurs le bonheur de nombreux économistes qui veulent évaluer l'activité économique des prochains trois à six mois et ce bien avant même le pétrole, qui n'est souvent utile, pour les industriels, que pour huiler et faire tourner la machine (déjà en route). Une hausse du Baltic Dry permet donc de prédire, plusieurs mois en avance, une augmentation du prix du baril de brut.
Une seule loi, c'est celle de la demande : On entend parfois les puristes dire que le BDI dépend tant de la demande que de l'offre. Ce qui est vrai. Un bateau de moins sur l'océan fera forcément rehausser l'importance des cargos restants (si, bien sûr, la demande reste identique). C'est d'ailleurs le cas également pour le pétrole, dont le prix n'hésite pas à flamber dès qu'une information provenant d'un Emir qui décide de couper le robinet.
Toutefois, l'offre sur le BDI ne peut être spéculative (car il s'agit de commandes réelles) et se trouve être extrêmement inélastique (la construction d'un cargo de marchandise prend grosso modo deux ans et son coût est tellement élevé qu'il serait risible de le mettre en inactivité).
C'est donc bel et bien la demande qui fait monter l'indice. Notamment, et surtout, celle provenant de l'empire du Milieu. Selon les dernières statistiques officielles, la Chine a en effet importé 515,1 millions de tonnes métriques de minerai de fer au cours des 10 premiers mois de l'année, soit déjà 16% de plus que sur l'ensemble de l'année 2008 (dont les premiers mois, rappelez-vous, avaient déjà atteint un record historique).
Répondant à une explosion de demande, cette nouvelle frénésie des transporteurs poussera immanquablement la production mondiale à terme, et, avant cela, le prix du baril de pétrole. Pour s'en convaincre, comparez l'évolution depuis le début de 2007 du Baltic Dry Index et du West Texas Intermediate (WTI, le brut de référence américain)
Visuellement, l'évolution des deux indices sous-entend une corrélation importante, mais avec un léger retard. En effet, le coefficient de détermination (que les spécialistes appellent le R2, soit la somme au carré du coefficient de corrélation) atteint 0,61 en temps réel et 0,74 en introduisant un délai de six semaines entre le BDI et le WTI.
Un chiffre vraiment impressionnant ; et ce même coefficient atteint 0,76 entre deux indices fortement corrélés par nature : le WTI et l'OSX (le fameux indice de Philadelphie qui regroupent les titres de 15 des plus grandes sociétés de service pétrolifères).
Au vu de la reprise de l'activité économique, notamment à travers le moteur chinois et les divers plans de relance, le Baltic Dry Index a bondi de plus de 45% depuis le début de l'année. Il se trouve actuellement en phase haussière. Ce qui laisse sous-entendre que le pétrole a de beaux jours devant lui, avec une année 2010 probablement marquée par un nouveau passage au-dessus des 100 dollars le baril.
Ce qui a été observé, la fiabilité pour prédire les prix du pétrole : +ou- 75% d'exactitude
La période estimée pour observer la réaction du prix du pétrole suite aux variations du Baltic Dry Index : environ six (6) semaines.
En résumé, il représente une indication précieuse de la santé du commerce mondial, et de l'intensité des échanges économiques. Ainsi, il augmente fortement en période de croissance, lorsque des pays, comme la Chine récemment, importent des matières premières, minières, comme céréalières. Au contraire, en période de crise économique, quand ces importations diminuent comme en 2008, il corrige nettement. C'est un indice très volatil, qui s'est imposé ces dernières années comme un indicateur avancé de l'activité, et par extension des marchés financiers.
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